Modélisation et analyse numérique du glissement rocheux profond de La Cristallère (Vallée d’Aspe, Pyrénées-Atlantiques, France)

Thomas Hauquin, Amélie Thomas, Joëlle Riss et Richard Fabre,

Université Bordeaux 1, I2M GCE UMR CNRS 5295, Talence, France.

Les glissements rocheux profonds et en particulier les DSGSD (Deep-Seated Gravitational Slope Deformations) sont des mouvements de terrain de grande ampleur encore mal compris et mal expliqués. On s’intéresse ici à la compréhension mécanique des phénomènes induisant le déclenchement et la propagation des déformations plastiques dans les versants montagneux présentant de tels glissements (DSGSD). Certaines études (Eberhardt & al. [2004] ; Tiziana & al. [2007]) ont déjà montré la pertinence des méthodes numériques en milieux continus pour expliquer le mode de rupture des DSGSD. Les travaux présentés ici consistent à modéliser en 2D et en 3D à l’aide du logiciel FLAC (Itasca) les déformations du massif de La Cristallère. À partir de l’estimation des caractéristiques mécaniques des formations constituant les modèles, à l’aide de deux méthodes de classification géomécaniques : le Rock Mass Rating (Bienawski [1973]) et le Geological Strength Index (Hoek & al. [1995]), une rétro-analyse 2D du glissement permettra d’évaluer l’influence relative des paramètres géologiques, hydrogéologiques, géomorphologiques et sismiques sur le déclenchement du mouvement. Des datations ont montré que l’escarpement principal du massif s’est ouvert à la suite d’un séisme il y a environ un millier d’années (Lebourg & al. [2013]), mais le mouvement a peut-être été initié à la suite de la fonte des glaciers du dernier maximum glaciaire. La présente étude a pour but de valider ou non ces hypothèses. Certains arguments géomorphologiques permettent d’affirmer que le glissement est encore actif dans certaines zones (Cf. présentation A. Thomas). Une modélisation 3D du versant à partir d’un modèle numérique de terrain devra nous permettre de mettre en évidence son activité actuelle. Ainsi, on pourra voir dans quelle mesure et avec quel niveau de détail il est possible de restituer à partir d’un modèle 3D en milieu continu les déformations d’un versant plurikilométrique et discontinu.

***Références

 Bieniawski, Z. (1973). Engineering classification of jointed rock masses. Civil Engineer in South Africa, 15(12), 343-353.
 Eberhardt, E., Stead, D., & Coggan, J. (2004). Numerical analysis of initiation and progressive failure in natural rock slopes—the 1991 Randa rockslide. International Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences(41), 69-87.
 Hoek, E., Kaiser, P., & Bawden, W. (1995). Support of underground excavations in hard rock. Rotterdam : Balkema.
 Lebourg, T., Zerathe, S., Fabre, R., Guiliano, J., & Vidal, M. (2013). A late Holocene deep-seated landslide in the northern French Pyrenees. European Geosciences Union, NH3.7. Vienne.
 Tiziana, A., Masseti, M., & Rossi, M. (2007). Stress-strain-time numerical modelling of deep-seated gravitational slope deformations : Preliminary results. Quaternary International, 171-172, 80- 89.