Modélisation thermique de l’extension du pergélisol depuis le dernier maximum glaciaire, application au versant de Séchilienne (Alpes Occidentales).

S. Schwartz, D. Jongmans, V. Lebrouc, L. Baillet, J.F. Gamond

ISTerre, Université de Grenoble 1, CNRS, F-38041 Grenoble, France

Les récentes données chronologiques réalisées sur les mouvements de terrain alpins de grande ampleur révèlent que la phase d’initiation des instabilités ne suit pas immédiatement la déglaciation mais se produit plusieurs milliers d’années après la disparition des glaciers en fond de vallée. Ce résultat montre que le phénomène de relâchement des contraintes liées à la disparition de la glace n’est pas une cause suffisante dans le déclenchement des instabilités. De plus, la période de déstabilisation des versants coïncide avec la période chaude et humide de l’Optimum Climatique Holocène, indiquant une cause climatique dans le déclenchement des mouvements de terrain. La persistance d’une épaisse couche de pergélisol développé depuis le dernier maximum glaciaire (LGM) dans les Alpes peut en partie expliquer le délai temporel observé. Cette hypothèse a été testée par modélisation numérique thermique 2D appliquée au mouvement de terrain de Séchilienne (Vallée de la Romanche, Alpes Occidentales). Les résultats de ces simulations thermiques indiquent une disparition du pergélisol entre 10 et 11 ka soit 3000 à 4000 ans après la fonte du glacier en fond de vallée estimée à 14,3 ka. La présence de lentille de glace peut contribuer au renforcement mécanique du versant et ainsi expliquer le délai observé. Les simulations numériques montrent également que la profondeur d’extension atteinte par le pergélisol est cohérente avec l’image de la déstructuration mis en évidence par les investigations géophysiques. Ces résultats suggèrent que le développement puis la disparition du pergélisol, associé avec un mécanisme de ségrégation de la glace, participe à l’endommagement du versant et influence ainsi la géométrie finale du mouvement de terrain.