Harmalière, la glisse continue

Le glissement de terrain d’Harmalière, sur la commune de Sinard (Nord Trièves), qui s’était réactivé le 27 juin 2016 (voir l’actualité du 8 juillet) continue d’évoluer fortement. Suite à cette crise estivale, le site a été instrumenté à l’aide de capteurs sismiques et de systèmes GNSS à bas-coût. Depuis cet été, deux événements importants sont survenus. Le premier événement s’est produit fin novembre 2016. Il a permis d’enregistrer les vibrations lors de la chute d’une écaille argileuse (figure 5) équipée d’un vélocimètre. L’analyse comparée des signaux sismiques entre ce capteur et un capteur de référence situé dix mètres à l’arrière de l’escarpement est en cours.

Figure 5.
Le capteur sismique quelques jours avant la rupture de l’écaille en novembre 2016. © Grégory Bièvre

Le deuxième événement s’est produit le 29 janvier 2017 en fin de journée et a duré quelques heures. Le capteur de référence, accompagné d’un système GNSS, a glissé avec une écaille profonde d’environ 5 m (figure 6), sur une hauteur de 10 à 15 m. La figure 3 présente le changement d’altitude en fonction du temps du capteur GNSS interne associé à la station sismique.

Figure 6.
Glissement du 29/01/2017. Le matériel géophysique est dans le cercle rouge. Le nouvel escarpement fait une hauteur de 10 à 15 m. © Mickael Langlais

L’ensemble du matériel, qui fonctionnait encore, a pu être récupéré, de même que les données. Il s’agit alors d’un jeu de données exceptionnelles qui vont permettre d’analyser conjointement l’évolution des paramètres sismiques et mécaniques et la cinématique de la déformation et de la rupture. L’instrumentation permanente de l’observatoire OMIV à proximité (200 m) permettra également d’évaluer l’influence des facteurs de contrôle environnementaux (température, pluie) sur la réactivation de cette masse instable. Ces stations permanentes permettent de suivre en temps réel l’évolution du glissement. La figure qui présente l’activité micro-sismique des 30 derniers jours est disponible ici : ftp://ist-ftp.ujf-grenoble.fr/users/helmstea/AVIGNONET/fig_lastmonth.pdf.

Figure 7.
Variation d’altitude du capteur GNSS associé à la station sismique. © Agnès Helmstetter

La cartographie établie depuis le début de la réactivation de l’été 2016 indique une régression de l’escarpement principal d’au moins 30 m vers le nord. Depuis la crise majeure de 1981 et en fonction de la zone considérée, le recul total est compris entre 50 et 100 m, ce qui correspond à une vitesse de régression moyenne d’environ 1,5 à 3 m/an. Les premières habitations sont situées à environ 200 m. Bien que l’activité du glissement n’est pas continue dans le temps, elles pourraient ainsi être impactées à l’horizon de quelques décennies.

Contact à ISTerre
Grégory Bièvre, Enseignant-Chercheur UGA
+33 (0)4 76 63 51 73