Petite crise sismique à Vallorcine

Le 2 octobre 2016, un séisme de magnitude 3.5 a été détecté à 01:17 du matin (23h17 heure UTC le 1er octobre) par le service d’observation ISTerre (OSUG). Ce séisme a été localisé à proximité du col des Montets, à quelques kilomètres de Vallorcine (Haute-Savoie) et environ 10 km de Chamonix. Il a été ressenti légèrement par la population locale (voir la carte de mouvement du sol RESIF/BCSF : http://www.franceseisme.fr/affiche_shakemap.php?IdSei=634). Les coordonnées épicentrales sont 46.03°N, 6.84°E, avec un épicentre proche de la surface (5km).

Ce séisme est situé à proximité de l’épicentre du séisme du 8 septembre 2005 de magnitude 4.5 qui avait provoqué quelques dommages. Depuis ce séisme, une intense activité dans ce secteur a été détectée par le service d’observation de Grenoble. Depuis 2005, environ 550 séismes de magnitudes comprises entre 0.5 et 4.6 se sont produits, avec quelques événements plus significatifs de magnitude supérieure à 3.5. Ces séismes se concentrent dans une région de quelques kilomètres carrés, formant ce que l’on appelle un essaim sismique. La répartition des séismes dans l’espace et dans le temps ne semble pas progresser selon une logique facilement identifiable, et l’ordre de la séquence, distinguant le séisme déclencheur de la crise des répliques qui lui sont associées, est difficilement reconnaissable. On observe ainsi depuis 1989 des phases très régulières (de l’ordre de 5/6 ans) de ré-activation de l’essaim en 1996, 2000, 2005, 2011 puis récemment en 2016, suivi par des phases d’accalmies. Celle de 2016 est toujours en cours.

Dans les Alpes, quelques secteurs présentent une activité en essaim, le plus actif et le plus étudié étant celui de l’Ubaye, proche de Barcelonnette qui depuis le début des années 2000 est le siège d’une intense activité sismique, avec environ 13 000 séismes.

De nombreuses interrogations subsistent quant à leur déclenchement, leur chronologie et la migration spatiale que l’on constate dans les essaims. L’origine est parfois compatible avec un modèle associant une activité géothermique, parfois elle est à l’opposé de cette explication. Une des interrogations les plus critiques car ayant un impact sociétal fort, est la magnitude la plus forte que peut atteindre une crise ayant démarré et la durée et le temps de latence entre chaque crise.

 Travail d’observation et synthèse réalisés par
Philippe GUÉGUEN, Fabrice HOLLENDER, Mickaël LANGLAIS, Émeline MAUFROY

 Contact à ISTerre
Philippe GUÉGUEN / philippe.gueguen (at) univ-grenoble-alpes.fr / +33 (0)6 87 60 27 19

Distribution temporelle du nombre de séismes localisés par Sismalp avant 2013 et après 2013 (changement de système de localisation).
Crédits : P. Guéguen, F. Hollender, M. Langlais, E. Maufroy
Répartition temporelle des séismes depuis 2013
Crédits : P. Guéguen, F. Hollender, M. Langlais, E. Maufroy
Répartition temporelle des séismes depuis 2013 en fonction de leur magnitude
Crédits : P. Guéguen, F. Hollender, M. Langlais, E. Maufroy
Localisation des essaims précédents (1996, 2000, 2005, 2011). Celui de 2002 se situe en dehors de la zone des trois autres, et peut ne pas être directement lié.
Crédits : P. Guéguen, F. Hollender, M. Langlais, E. Maufroy
Localisation de l’essaim de 2016, couvrant la même zone que les essaims précédents. Le point noir correspond à la position de l’épicentre du séisme du 2 octobre 2016.
Crédits : P. Guéguen, F. Hollender, M. Langlais, E. Maufroy