Tracer les nanoparticules de dioxyde de titane dans l’environnement
Les nanoparticules de dioxyde de titane sont l’un des nanomatériaux les plus couramment produits dans le monde. Ils sont présents dans de nombreux produits de consommation courante, comme les crèmes solaires, les textiles, les produits alimentaires, etc. Après utilisation, une grande partie du TiO2 se retrouve dans les eaux usées, puis dans les boues d’épuration, et finalement dans les sols agricoles. Une condition préalable à l’évaluation des risques est de pouvoir distinguer cet apport anthropique de TiO2 du fond géochimique généralement élevé. En outre, les modèles actuels de flux de nanomatériaux dans les compartiments de l’environnement comportent de grandes incertitudes. Le suivi sur le terrain de ces flux permettrait d’affiner les modèles et la quantification des apports anthropiques réels. Enfin, des informations sur la composition et la structure des nanomatériaux naturels et anthropiques pourraient aider à l’interprétation des données de toxicité.
Dans le cadre du LabEx SERENADE et avec le concours de la plateforme nanoID (EquipEx), une équipe composée de scientifiques de l’Institut des Sciences de la Terre (ISTerre/OSUG, CNRS / UGA / IRD / IFSTTAR / USMB), de l’ESRF, du Particle Laboratory - Eawag et d’ECOLAB a évalué le potentiel de techniques physiques (micro et nano fluorescence X (XRF), spectroscopie d’absorption des rayons X (XANES), diffraction des rayons X (DRX) et microscopie électronique en transmission couplée à la microanalyse (TEM-EDX)) pour distinguer les particules naturelles des particules anthropiques. Trois matrices ont été comparées : une boue d’épuration, un sol agricole n’ayant jamais reçu de boues d’épuration, et le même sol amendé par la boue.
Bien que les phases de TiO2 soient généralement considérées comme très faiblement solubles, elles subissent des altérations et des transformations dans les sols acides ou dans la rhizosphère [1]. Ainsi, les différences observées dans la morphologie des particules sont susceptibles de s’atténuer avec le temps en raison de l’altération des minéraux de TiO2. De même, la formation d’agrégats du sol est un processus dynamique et continu, même s’il est lent (de l’ordre de plusieurs décennies). Le TiO2 anthropique est donc susceptible de s’incorporer progressivement dans les assemblages organo-minéraux du sol. Il est probable qu’avec le temps, le TiO2 anthropique devienne impossible à distinguer du fond géochimique naturel des sols.


***Source
Searching for relevant criteria to distinguish natural vs. anthropogenic TiO2 nanoparticles in soils, A.E. Pradas del Real (a,b), H. Castillo-Michel (b), R. Kaegi (c), C. Larue (d), W. de Nolf (b), J. Reyes-Herrera (b), R. Tucoulou (b), N. Findling (a), E. Salas-Colera (b) and G. Sarret (a), Environ. Sci. : Nano 5, 2853- 2863 (2018) ; doi : 10.1039/c8en00386f.
(a) ISTerre (Institut des Sciences de la Terre), Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble (France)
(b) ESRF
(c) Eawag, Particle Laboratory, Dübendorf (Switzerland)
(d) ECOLAB, Universite de Toulouse, CNRS, INPT, UPS, Toulouse (France)
***Contact scientifique local
– Géraldine Sarret, ISTerre/OSUG | geraldine.sarret univ-grenoble-alpes.fr
***Cet article a été publié par
– The european synchrotron (ESRF)
[1] M. Schindler and M.F. Hochella, Geology, 44, 515–518 (2016).