A proximité de Grenoble : la faille bordière de Belledonne

Depuis plus de vingt ans, le réseau Sismalp surveille la sismicité du Sud-Est de la France, du lac Léman au sud de la Corse et du Massif central à l’Italie du Nord. Deux séismes en moyenne sont détectés et localisés chaque jour par la quarantaine de stations sismologiques gérées par Sismalp ; le nombre de séismes ressentis chaque année par la population n’excède cependant pas la trentaine.

Cartes de sismicité de la région de Grenoble
A gauche : carte de sismicité instrumentale (données Sismalp pour la période 1989–2000).
A droite : sismicité historique révisée pour la période 1356–1988.

La région de Grenoble, sans être plus particulièrement exposée, se trouve à proximité d’un « alignement » sismique qui a été révélé par les localisations des séismes qui s’y produisent régulièrement. Cet alignement porte le nom d’arc sismique subalpin ; sa partie sud, de Monestier-de-Clermont (Isère) à Albertville (Savoie), a été baptisée « Faille bordière de Belledonne ». Cette faille passe à proximité d’Uriage-les-Bains, à une douzaine de kilomètres seulement du centre ville de Grenoble. Elle n’est pas identifiable en surface car elle ne coulisse que très lentement, la plupart du temps à la faveur de petits séismes de magnitude comprise entre 0 et 3,5 (pour les vingt dernières années) ; une autre raison est que la zone active se trouve à des profondeurs de l’ordre de 5 km.

Le plus gros séisme qui se soit produit sur la Faille bordière de Belledonne depuis 1989 (date d’installation du réseau Sismalp) est celui de Laffrey, en 1999 (magnitude 3,5) [1]. Ce séisme avait occasionné de très légers dégâts (essentiellement des fissurations de plâtres) à Saint-Georges-de-Commiers (Isère), mais il avait aussi été ressenti sur la totalité de l’agglomération grenobloise.

Une analyse statistique faite sur la Faille bordière de Belledonne montre que des séismes de magnitude M=3,5 (comme celui de Laffrey) y surviennent tous les 15 ans environ, les M=4 tous les 40 ans, les M=5 tous les 300 ans et les M=6 tous les 2000 ans. Mais cette analyse concerne la totalité de la faille qui fait plus de 100 km de long. Ainsi, un séisme de magnitude 5,5, qui survient statistiquement une fois tous les 1000 ans a-t-il une probabilité beaucoup plus faible de survenir sur la vingtaine de kilomètres de la faille se trouvant à proximité immédiate de Grenoble (ordre de grandeur : tous les 5000 ans).

Malheureusement, la Faille bordière de Belledonne, même si elle est maintenant bien connue, n’est pas la seule faille qui peut jouer de façon catastrophique dans la région de Grenoble. On ne sait pas grand’chose de l’activité de la « Faille de Voreppe » qui peut-être se prolonge sous l’agglomération même. Surtout, on ignore tout des failles potentiellement dangereuses qui pourraient exister dans les massifs du Vercors et de Chartreuse. C’est peut-être dans ces deux massifs, actuellement considérés comme pratiquement « asismiques » (sans séismes), que pourrait un jour se produire le prochain gros séisme destructeur. L’exemple de Corrençon-en-Vercors, village touché en 1962 par un séisme de magnitude 5,3 sans que l’on sache précisément quelle faille a alors joué, doit inciter les sismologues à beaucoup de prudence et de modestie dans leur analyse de phénomènes complexes et exceptionnels.

[1Encore se trouvait-il probablement lié au fonctionnement d’une petite faille perpendiculaire à l’alignement principal.