Analyse et localisation des perturbations mécaniques dans la structure du volcan Kilauea pendant l’éruption majeur de 2018

Proposition de stage de Master 2 STPE 2019
Encadrants : Philippe Lesage et Corentin Caudron
(ISTerre, équipe Géophysique des volcans)

Le volcan Kilauea (Hawai’i, USA) était en éruption permanente depuis 1983 associée à des lacs de lave semi-permanents. A partir de mars 2018, son activité a fortement évolué avec dans un premier temps de hauts niveaux du lac de lave puis un débordement mi-avril au sommet [Patrick et al., 2018]. Fin avril, le drainage du lac de lave Pu’u’o’o a été accompagné par l’effondrement du cratère, une déflation du sommet et la propagation de la sismicité le long de l’East Rift Zone (ERZ) suggérant une intrusion de magma. L’éruption débuta finalement le 2 Mai à 19 km du cratère Pu’u’o’o. Le cratère Halema’uma’u s’est également effondré avec de fortes éruptions de cendres et son lac de lave a disparu. L’éruption s’est terminée en septembre et a fondamentalement transformé le volcan.

Les méthodes d’interférométrie sismique sont utilisées depuis une quinzaine d’années afin d’imager et de surveiller la Terre. En contexte volcanique, elles ont permis de détecter des variations de vitesse apparentes précédant de près d’un mois certaines éruptions du Piton de la Fournaise (La Réunion, France ; Brenguier et al., 2008). D’autres changements furent mis en évidence suite à des séismes tectoniques [Battaglia et al., 2012 ; Lesage et al., 2014 ; Brenguier et al., 2014] ou des changements dans le régime de dégazage [Mordret et al. 2010 ; Caudron et al. 2015]. Oberman et al. [2014] ont également utilisé cette méthode afin de localiser des changements de propriétés mécaniques et diffusives du milieu volcanique en étudiant la décorrélation de la fonction de corrélation croisée et les changements de vitesse apparents.
Dans le contexte de l’éruption 2018 du volcan Kilauea, le travail de stage visera à localiser les changements dans les propriétés mécaniques et diffusives du milieu. Un excellent réseau sismique (>50 stations ) a permis de surveiller en détail cette éruption extradordinaire. À ce stade, les études scientifiques se sont surtout basées sur les analyses de la déformation et de sismicité classique (séismes). Ce travail permettra de mieux appréhender la dynamique cette éruption majeure et de potentiellement répondre à de nombreuses questions : Pourquoi l’apport magmatique s’est-il d’abord focalisé au sommet avant de migrer vers l’ERZ ? Comment la migration de magma du sommet vers l’ERZ s’est-elle développée ? Enfin, qu’a provoqué cette éruption après 35 ans d’activité continue au Pu’u’o’o.