ANR ECLAT

Durée : 2024-2028
Coordinatrice : Cécile Gautheron
Nom du projet : Projet ANR CE01 ECLAT "Dynamique environnementale et les impacts sociétaux des contaminants géogéniques et anthropiques des métaux traces en Guyane française "
En Guyane française (GF), l’exposition des populations vivant le long des fleuves et des zones côtières aux métaux traces et métalloïdes (MT) est une préoccupation majeure pour les organismes de santé publique. L’origine de ces expositions demeure encore aujourd’hui mal comprise. Les niveaux élevés de MT potentiellement toxiques (e.g., Hg, Pb, As) dans les couvertures latéritiques (latérite et sol) résultent d’une accumulation naturelle au cours des millions d’années. Cet équilibre est aujourd’hui perturbé d’une part, par le forçage climatique (glissements de terrain, tempêtes tropicales…), mais surtout par les activités anthropiques, au premier rang desquelles l’orpaillage légal ou illégal, dont la gestion des pollutions induites (notamment au mercure) constitue un défi de taille pour ce territoire. Le remaniement et l’érosion, naturels ou non, des couvertures latéritiques favorisent le transfert des particules riches en MT dans les hydrosystèmes guyanais. Les MT sont alors soumis à de nombreuses transformations biogéochimiques qui peuvent modifier leur spéciation vers des formes toxiques et/ou bioaccumulables dans les chaînes trophiques. En outre, l’addition de MT (Pb et Hg) issus des activités anthropiques (orpaillage, agriculture, chasse…) à un fond géochimique naturellement élevé exacerbe les risques d’exposition des populations.

Le projet ECLAT 2024-2027 porté par ISTerre, fédère au sein du laboratoires des chercheurs et EC des équipes Géochimie, Minéralogie et TRB. Au niveau national, il regroupe au total 6 laboratoires et universités de Guyane et de France hexagonale pour documenter les cycles biogéochimiques des MT, et apporter des réponses sociétales et de santé publique à cette problématique en GF. Par une approche transdisciplinaire (géosciences et sciences humaines et sociales), le projet s’attachera à comprendre les processus d’accumulation, de transfert, et le devenir des MT, depuis les couvertures latéritiques vers les grandes rivières guyanaises. Le projet sera mené sur deux hydrosystèmes ; le Maroni et la Mana, contrastés par leurs débits et la qualité de leurs eaux en raison d’une densité de population et des activités d’extraction aurifère très différentes sur leurs rivages. En premier lieu, la dynamique socio-environnementale et économique (orpaillage, occupation du territoire…) des deux bassins versants sera analysée sur la base d’archives historiques. Ces résultats permettront d’évaluer, de reconstituer et de comparer l’évolution spatiotemporelle des flux de MT et de la pression anthropique au cours des deux derniers siècles. En parallèle, l’étude minéralogique, géochimique et géochronologique des couvertures latéritiques actuelles permettra de caractériser les processus et la dynamique d’accumulation des MT géogéniques et anthropiques sur des échelles de temps allant du siècle au million d’années.

Enfin, la réactivité des phases porteuses minérales et/ou organiques des MT (une fois remobilisées dans les hydrosystèmes) sera étudiée pendant le transport en suspension et au cours des dépôts transitoires (de la crue à l’échelle saisonnière) pour documenter le parcours et le devenir de ces contaminants. L’utilisation de méthodologies innovantes (sur le terrain et en laboratoire), de thématiques et d’outils de pointe variés et complémentaires (minéralogie, géochronologie et géochimie élémentaire et isotopique) permettra l’identification des sources et la caractérisation des processus biogéochimiques en jeu dans la dynamique des MT. Ce projet apportera une vision nouvelle de ce socio-écosystème complexe, et des réponses à la société sur les risques d’exposition aux MT. La diffusion des savoirs (workshop, enseignement, diffusion, et vulgarisation) vers l’Université de Guyane, les agences d’états et le grand public permettra à la population guyanaise d’accéder à une information qualitative et quantitative sur l’impact des mines (il)légales et sur l’exposition des populations au fil du temps. Le projet ECLAT permettra donc de proposer une meilleure gestion de l’environnement et de la santé humaine et d’accroître le développement de l’éducation à cette problématique.