Avancement des recherches au sud-Pérou (et utilisation des crédits obtenus antérieurement)

Les recherches géologiques que j’ai développées au Pérou depuis 2011, et notamment après mon affectation dans ce pays en 2012, ont été conduites en parallèle avec l’encadrement de la thèse (sur bourse ministère) de Mélanie Noury, et en collaboration avec Matthias Bernet (l’autre encadrant de cette thèse) et divers partenaires péruviens (Université d’Arequipa, notamment).

Les crédits utilisés ont été obtenus suite à l’appel d’offre interne ISTerre (qui redistribue des crédits versés par l’IRD) pour un montant total de 34.000 euros sur 3 ans (2011-2013, soit une moyenne de 11.333 euros par an), ainsi qu’un financement par l’INSU de 5100 euros (en 2013) qui, lui, a été spécifiquement consacré à la thèse de Mélanie Noury. J’ai été le porteur des différents projets correspondants.

Les sommes ainsi obtenues ont été utilisées de la façon suivante :

• Diverses campagnes de terrain, dont certaines pour l’enseignement dans le cadre de partenariats locaux (obligations contractuelles de l’IRD).
• Transport d’échantillons.
• Traitement de ces échantillons en vue de leur analyse.
• Datations par traces de fission (zircons ; apatites), U-Pb (sur zircon), et Ar-Ar (surtout sur muscovites).
• Participation au Congrès géologique péruvien de 2012.
• Achats de matériel au Pérou.

L’utilisation partielle de crédits provenant en définitive de l’IRD pour des dépenses s’inscrivant dans le cadre d’une thèse sur un sujet "Sud" a correspondu à une pratique qui pour moi était courante jusqu’alors, d’autant que le déroulement de cette thèse s’est inscrit pleinement dans le cours de mes propres recherches sur le sud du Pérou.

Ce sont évidemment les frais relatifs aux nombreuses datations obtenues qui ont été les plus onéreux, suivis d’assez loin par les campagnes de terrain.

Les résultats obtenus, qui consistent principalement en ces datations, sont d’une grande richesse. D’une part ils permettent de compléter, voire obligent à réviser, notre connaissance des processus géologiques qui ont été à l’origine de l’évolution andine, tant dans sa phase précoce (Crétacé supérieur-Paléogène) qu’au Néogène, et de raffiner leur chronologie. D’autre part ils permettent de proposer une interprétation sensiblement différente de ce qu’il était admis jusqu’à présent. On met ainsi en évidence une période de flux magmatique très élevé au niveau de l’arc de subduction de ca. 73 à ca. 62 Ma. Ces conditions très particulières semblent avoir entraîné un épaississement crustal, puisque cette période a été immédiatement suivie d’un collapse gravitationnel de l’arc à partir de ca. 60 Ma, lequel a donné lieu à la formation de bassins en extension (nombreuses failles normales scellées) où se sont accumulés du Paléocène supérieur à l’Oligocène inférieur des sédiments variés (conglomérats, grès, pélites, évaporites) de couleur dominante rouge (Groupe Moquegua inférieur).

Les publications sont en cours de rédaction, entre autres du fait de la date tardive de l’obtention des données (fin 2013, pour l’essentiel). Un premier manuscrit est bien avancé et devrait être soumis en avril. Un second sans doute en juin, concernant l’exhumation de la région d’Arequipa, où les données sont les plus denses. Un troisième concernera l’ensemble du sud du Pérou côtier. Etant donné la richesse des résultats obtenus, il est probable que d’autres publications suivront au cours des années qui viennent.