Curiosity éveille encore et toujours la curiosité
Après 5 ans sur Mars, Curiosity a déjà réalisé 17 km sur le fond d’un ancien lac d’eau douce puis sur les pentes du Mont Sharp (Aelios Mons) d’où il surplombe actuellement de plus de 400 m son site d’atterrissage.

Parmi ses dix instruments embarqués, ChemCam (pour "chemical camera") a été élaboré par une équipe internationale sous la bannière du Centre national d’études spatiales (CNES). Muni d’un puissant laser, cet appareil permet de faire des mesures de composition chimique d’échantillons de 3 à 6 mètres. Une fois les spectres accomplis par ChemCam, Éric LEWIN, physicien CNAP à l’Institut des Sciences de la Terre et Pierre BECK, maître de conférence UGA à l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble/OSUG analysent les données depuis le campus de Grenoble, en collaboration avec une soixantaine de chercheurs français et américains. L’objectif : connaître la géochimie de roches, régolites et autres veines martiennes.

La prochaine mission de la NASA, Mars2020, prévoit l’envoi d’un nouveau robot mobile encore plus performant, doté de l’héritier de ChemCam appelé SuperCam. Cette caméra de multi-spectroscopie est munie, comme ChemCam, du système LIBS ("Laser Indusced Breakdown Spectroscopy"), et en plus d’un spectromètre Raman et d’un spectromètre infrarouge. Cela permettra de mesurer en plus de la géochimie des cibles leur minéralogie, de déterminer d’éventuelles molécules organiques, et... d’écouter les bruits de Mars grâce à un microphone visant principalement à capter les claquements des plasmas. SuperCam permettra ainsi de sélectionner des cibles pour collecter des échantillons carottés en vue de les ramener sur Terre.

Pour ce faire, Alexandre SIMIONOVICI, enseignant-chercheur de l’Université Grenoble Alpes à ISTerre, a conçu avec le CNES et la NASA un porte-échantillon ultra-sécurisé permettant de ramener ces précieux grains, ainsi qu’un protocole de nano-analyses (fluorescence/diffraction/tomographie X) et spectroscopies Raman (avec l’ENS Lyon) et infra-rouge (avec l’IPAG). Composé de 3 containers imbriqués, l’Extraterrestrial Sample Holder (ESH) permet d’éviter toute contamination terrestre de l’échantillon et inversement toute intrusion d’éventuels pathogènes extraterrestres. Une nouvelle version miniaturisée, télécommandée et adaptée aux besoins du Synchrotron (ESRF, ligne de nano-analyse ID16B) est prévue pour 2018.
Pour mieux cerner Mars, les chercheurs ont donc un programme bien rempli pour les années à venir. Et leurs résultats sont à suivre de près !
Les médias en parlent
– 23/11/2017 : Interview d’Éric LEWIN à Radio Campus Grenoble
– Automne 2017 : Article "A la recherche des secrets de Mars" dans Vivre à Grenoble - Le Mag # 8
En savoir plus
– 17/10/2016 : Retour d’échantillons martiens : un prototype ultra-sécurisé conçu à ISTerre
– 26/09/2013 : Curiosity identifie la nature de l’hydratation du sol martien (INSU)
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Éric LEWIN
Alexandre SIMIONOVICI
Pierre BECK