La première typologie de sources sismiques gravitaires pour l’analyse des mouvements de terrain
Les glissements de terrain génèrent des ondes sismiques, comme l’ont montré de précédentes mesures à partir de sismomètres placés à proximité de pentes instables. Toutefois, l’analyse de ces ondes reste un défi, en parti dû à la diversité des signaux sismiques et des nomenclatures adoptées. Les chercheurs de différents laboratoires [1] ont compilé et analysé les observations de plusieurs glissements répartis dans le monde grâce au parc mobile SISMOB de RESIF, afin de proposer la première classification générale de ces sources et de leurs signaux sismiques.
Grâce à l’analyse d’enregistrements sismologiques acquis sur 13 versants instables répartis autour du Globe, l’équipe de chercheurs propose la première typologie standard des signaux des sources sismiques induites par la déstabilisation des versants instables (ouverture de fracture, cisaillement, écoulements, effondrements – Figure 1). Pour produire cette typologie, l’approche retenue a été de définir des attributs propres aux signaux sismiques générés par chaque type de source en tenant compte notamment de la nature des ondes sismiques (fortement influencées par le milieu dans lequel elles se propagent) et de la disparité des caractéristiques des capteurs sismologiques. Pour permettre la comparaison des signaux sismiques, un prétraitement systématique des données a été mis en place (correction instrumentale, filtrage) et neufs attributs sur la forme d’onde et le contenu fréquentiel des signaux sismiques ont été sélectionnés (durée du signal, coefficient de dissymétrie du signal, nombre de pics dans l’enveloppe du signal, durée d’autocorrélation du signal, fréquence moyenne, fréquence du pic d’énergie maximale, la bande passante, et les fréquences minimales et maximales du signal).
L’analyse comparée des signaux a permis de définir trois classes principales de sources sismiques communes à toutes les instabilités gravitaires étudiés : “slopequake” (SQ), “rockfall” (RF) et “granular flow” (GF). Pour la classe "slopequake" (SQ), des sous-catégories sont proposées en relation avec le contenu fréquentiel du signal :"low-frequency slopequake" (LF-SQ), "high-frequency slopequake" (HF-SQ), "hybrid slopequake" (Hybrid-SQ), "slopequake with precursors" et "tremor-like slopequake".


Les auteurs de l’étude indiquent que cette première typologie ainsi que la démarche d’analyse proposée sont une première étape pour comparer les observations sismologiques et les catalogues de micro-sismicité créés sur de nombreux versants instables. La typologie va permettre :
- d’expliquer la variabilité des sources dites ‘slopequakes’ observée sur les versants instrumentés ;
- de mieux comprendre la physique des différentes sources sismogéniques ;
- de mieux appréhender les variations spatio-temporelles de l’activité sismique en lien avec les déformations de surface et les différents forçages.
Cette démarche visant à aboutir à une typologie standard est aussi une étape importante pour le déploiement de solutions automatiques de classification des sources sismiques propres aux glissements lents mais aussi à d’autres objets géologiques comme les volcans, les glaciers ou les réservoirs.
***Pour en savoir plus
***Source
Towards a standard typology of endogenous landslide seismic sources, Provost, F., Malet, J.-P., Hibert, C., Helmstetter, A., Radiguet, M., Amitrano, D., Langet, N., Larose, E., Abanco, C., Hürlimann, M., Lebourg, T., Lévy, C., Le Roy, G., Ulrich, P., Vidal, M., Vial, B., Earth Surface Dynamics (2018), doi :10.5194/esurf-6-1059-2018
***Contacts
– Jean-Philippe Malet, IPGS/EOST : 03 68 85 00 47
– Floriane Provost, IPGS/EOST : 03 68 85 00 47
– Mathilde Radiguet, ISTerre : 04 76 63 51 19
***Cette actualité a également été relayée par
– L’Institut des Sciences de l’Univers du CNRS (INSU)
– L’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre de Strasbourg (EOST)
– Le Réseau sismologique et géodésique français (RESIF)
[1] dont, parmi les laboratoires français, l’Institut de physique du globe de Strasbourg et l’Institut des sciences de la terre