Séisme du 07 janvier 2013 - Magnitude : 4.1

**Informations

Les services nationaux d’observation d’ISTerre (Observatoire de Grenoble) ont enregistré le séisme de magnitude 4.1 (localisation LDG) du 07 janvier 2013 à 04:20 UTC (05:20 heure locale).


Laboratoire de Détection Géophysique LDG-CEA - Lat : 44.76° Lon : 6.75° Prof : 2. km - ML : 4.1

Sismalp - Lat : 44.77° Lon : 6.63° Prof : 2-3 km - ML : 3.6


Description de l’événement

Selon SISMALP, l’épicentre était situé à l’est de La Roche-de-Rame et au nord de Saint-Crépin (région de Guillestre, Hautes-Alpes), à seulement quelques kilomètres de distance de l’épicentre d’un séisme de magnitude 2.9 qui s’est produit le 3 janvier au matin. Le foyer était situé vers 2 km de profondeur.

De nombreux séismes de magnitude habituellement modérée se produisent chaque année sur ce qu’on appelle l’arc briançonnais, une zone de sismicité très marquée qui, du massif du Mercantour, traverse successivement la haute vallée de l’Ubaye, le Queyras, le Briançonnais et se termine dans le Val d’Aoste. Cet arc suit fidèlement le Chevauchement pennique frontal, discontinuité géologique majeure séparant les Alpes internes (à l’est) des Alpes externes (à l’ouest). Bien que cette région ait été longtemps soumise à de la compression lors de la surrection des Alpes, l’analyse du mécanisme au foyer du séisme de ce matin montre qu’il est dû à de l’extension, vraisemblablement selon un axe est-ouest. Ce phénomène, découvert il y a quelques années, caractérise l’ensemble de l’arc briançonnais : après avoir été soulevée pendant des dizaines de millions d’années, cette zone tectonique s’effondre maintenant sur elle-même.

Une importante activité sismique continue à être détectée par une station sismologique située à Saint-Crépin. Ce phénomène est selon nous distinct de ce que l’on dénomme classiquement des répliques. Comme le suggère le séisme de magnitude 2.9 qui s’est produit la semaine dernière pratiquement au même endroit, on est plutôt en présence d’un "essaim de séismes", avec une libération d’énergie qui se fait de façon désordonnée. De tels essaims s’étaient déjà produits dans ce secteur en 1998 (magnitude max. 2.1) et en 2009 (magnitude max. 3.1).

Ce séisme se produit alors qu’un profil de stations sismologiques a été installé par les services d’observation d’ISTerre et qui se trouve passer à proximité de l’épicentre. Menée dans le cadre d’un projet international (CIFALPS - China-Italy-France Alps Seismic survey), cette expérience temporaire doit permettre d’élaborer les modèles de formation des Alpes en apportant des informations sur la structure lithosphérique, élément-clé des modèles géodynamiques.


Mouvements du sol

***Carte des stations des Services d’observation d’ISTerre (vert : Stations accélérométriques Réseau national RAP - bleu : stations vélocimétriques large-bande et accélérométriques, Réseau national RLBP)

Les enregistrements continus sont visibles sur le site : http://appspy.obs.ujf-grenoble.fr.

Les données accélérométriques peuvent être récupérées sur le site : http://www-rap.obs.ujf-grenoble.fr

Les mouvements du sol à proximité de la zone épicentrale ont été faibles à modérés. La station la plus proche (OGAG : l’Argentière-la-Bessée) située à 8 km de l’épicentre a enregistré une accélération de l’ordre de 2.5 cm/s2. En comparaison, le séisme du 26 février 2012 de magnitude 4.4, dont l’épicentre était localisé à 2 km de profondeur (région de l’Ubaye) avait généré une accélération de l’ordre de 30 cm/s2 à la station SURF située à 14 km de l’épicentre. Ce séisme avait été fortement ressenti par la population, générant de nombreux témoignages, ce qui n’est pas le cas pour celui du 07 janvier 2013.

L’intensité macrosismique estimée dans la zone épicentrale est de l’ordre de V-VI (secousse ressentie).


Effets de site à Grenoble

Les accélérations du mouvement du sol dans le centre de Grenoble, situé à environ 85 km de la zone épicentrale, et enregistrées par le Réseau Accélérométrique Permanent, sont de l’ordre du centimètre par seconde au carré, ne pouvant pas avoir provoqué des dommages.

On observe une grande variabilité du mouvement du sol dans le bassin grenoblois, due à la présence du remplissage sédimentaire qui amplifie systématiquement le mouvement du sol.

Cet effet, dit effet de site, est également illustré par l’amplification du mouvement du sol le long du forage de Montbonnot (38) : le mouvement enregistré par le capteur placé dans substratum rocheux (580 m de profondeur) est beaucoup plus faible que le mouvement enregistré au capteur situé à 32 m sous la surface, lui-même plus faible que le mouvement enregistré en surface.


Réponse de l’Hôtel de Ville de Grenoble

Le dispositif de surveillance en place à l’Hôtel de Ville de Grenoble a parfaitement enregistré les vibrations de la structure. Son déplacement au sommet, très faible, est de l’ordre du dixième de millimètre, n’ayant pas provoqué d’endommagement mais ayant pu être ressenti par les occupants. on observe que le mouvement de la structure oscille longuement (pendant plus d’une minute) à sa période de vibration.


[**Signaux enregistrés par à la station OGAG (Argentière-la-Bessée, 05) sur la composante Est-Ouest pendant une journée - Station du réseau sismologique large-bande Service national RLBP*]

Note : On observe le choc principal suivi d’une grande quantité de répliques se produisant les heures suivantes.

[**Variation de la réponse de l’Hôtel de Ville de Grenoble au cours du séisme*]