Séisme du Teil : vers une réévaluation du risque sismique en France et en Europe de l’Ouest ?
Presse CNRS

Leurs données, publiées le 27 août 2020 dans la revue Communications Earth & Environment, montrent que le séisme est dû à la réactivation de la faille de La Rouvière, héritée d’une phase d’extension il y a 20 à 30 millions d’années (période Oligocène), et qui n’était pas considérée comme active de nos jours. Cette fois, la faille a joué en sens inverse (compression), avec un déplacement moyen du sol de 10 cm verticalement et de l’ordre de 10 cm horizontalement aussi. Les scientifiques estiment l’initiation du séisme (le foyer) autour de 1 km de profondeur : ce caractère superficiel explique que la rupture le long de la faille se soit propagée jusqu’à la surface, et que des dégâts très importants aient été causés par le séisme malgré une magnitude modérée [3] (la position plus précise du foyer fait l’objet d’un travail spécifique, en cours, par une autre équipe). Ces résultats suggèrent la possibilité que d’autres failles anciennes puissent être réactivées en France ou en Europe de l’Ouest et produire de tels déplacements du sol, alors que le risque de séismes avec rupture de surface était jusqu’à présent considéré comme négligeable. Pour mieux estimer cette probabilité, plusieurs équipes en France ont entamé des investigations paléosismologiques à la recherche d’indices d’anciens séismes le long de telles failles.


Référence
Surface rupture and shallow fault reactivation during the 2019 Mw 4.9 Le Teil earthquake, France, Jean-François Ritz, Stéphane Baize, Matthieu Ferry, Christophe Larroque, Laurence Audin, Bertrand Delouis & Emmanuel Mathot. Communications Earth & Environment, 27 août 2020. DOI : 10.1038/s43247-020-0012-z
Article initialement publié par le CNRS
[1] La géodésie est l’étude de la forme et des déformations de la surface terrestre, souvent par satellites.
[2] Ont participé à cette étude des membres des laboratoires Géosciences Montpellier (CNRS/Université de Montpellier/Université des Antilles), Géoazur (CNRS/Observatoire de la Côte d’Azur/IRD/Université Côte d’Azur) et Isterre (CNRS/IRD/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc/Université Gustave Eiffel), ainsi que de l’IRSN et de la société Terradue (Italie).
[3] Seuls 10 % des séismes de cette magnitude provoquent des ruptures de surface.