Analyse sur le long terme de la relation précipitation-déplacement d’un mouvement de terrain de grande profondeur (Séchilienne, Alpes)

A. Vallet (1), J.-B. Charlier (2), M.-A. Chanut (3), C. Bertrand (1), L. Dubois (3), J. Mudry (1)

(1) CNRS : UMR6249 Chrono-Environnement - Université de Franche-Comté - 16 route de Gray - F-25030 Besançon cedex - France
(2) BRGM - 1039 Rue de Pinville - 34000 Montpellier - France
(3) CETE - 25 avenue François Mitterrand - CS 92803 - 69674 Bron cedex - France

La pression d’eau interstitielle, induite par la recharge des hydrosystèmes, est l’un des principaux facteurs de déclenchement des mouvements de terrain profonds. Peu d’études on t été entreprises pour comprendre la relation entre les précipitations et la déstabilisation sur le long terme (> plusieurs années). Cette étude s’intéresse à l’instabilité de Séchilienne qui présente l’avantage de bénéficier d’un réseau dense de stations de surveillance du déplacement, à un pas de temps journalier, progressivement mis en œuvre par le CETE de Lyon depuis 1985. Les mouvements de terrain profonds sont généralement engendrés par des processus hydrogéologiques. La pluie efficace a été estimée et utilisée au lieu des précipitations brutes, car elle représente le véritable signal d’entrée des hydrosystèmes. La zone la plus active de l’instabilité de Séchilienne présente, sur le long terme, une tendance aggravante de la déstabilisation sur la variance et la moyenne du déplacement, ce qui n’est pas le cas de la pluie efficace qui ne montre aucune tendance. Cette tendance se traduit par des changements instantanés et irréversibles du régime de déstabilisation. Pour cette étude, le signal de déplacement a été décomposé et analysé avec et sans la tendance (uniquement les variations intra-annuelles). Une analyse par ondelettes croisées a été utilisée pour caractériser la relation précipitation-déstabilisation sur les deux composantes de la déstabilisation. Cette étude montre que les variations intra-annuelles du déplacement sont étroitement liées aux variations de la pluie efficace, et de façon plus générale à un niveau piézométrique de la nappe de versant. La tendance sur la déstabilisation du versant instable suit un modèle d’affaiblissement traduisant une dégradation des propriétés mécaniques du versant qui devient de plus en plus sensible aux événements à court terme, et de moins en moins sensible aux variations saisonnières. Cet affaiblissement a été modélisé en considérant les variations intra-annuelles de la déstabilisation comme une réponse directe aux sollicitations hydrogéologiques.