Seuils hydro-climatiques pour le déclenchement et/ou la réactivation de glissements de terrain (versant côtier du Pays d’Auge, Calvados, France)

Candide LISSAK (1,2,3), Olivier MAQUAIRE (1,2,3), Jean-Philippe MALET (4), Robert DAVIDSON (1,2,3)

(1) Normandie Univ, France
(2) UNICAEN, LETG-Caen GEOPHEN, F-14032 Caen, France
((3) CNRS, UMR 6554, F-14032 Caen, France
((4) Institut de Physique du Globe de Strasbourg, CNRS UMR 7516, Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre, EOST/Université de Strasbourg, 5 rue Descartes, F-67084 Strasbourg, France.

En Basse-Normandie (Nord-Ouest de la France), entre Trouville-sur-Mer et Honfleur, les glissements de terrain côtiers sont caractérisés par des déplacements annuels de faibles amplitudes (1-10 cm/an) mais peuvent connaître des accélérations brutales marquées par des décrochements de plusieurs mètres. Les investigations menées sur le glissement du Cirque des Graves à Villerville dès 1985 ont montré que les quatre accélérations majeures connues étaient étroitement liées aux conditions hydro-climatiques. Pour améliorer les connaissances sur la dynamique de versant liée à la pluviométrie et aux fluctuations du niveau des eaux souterraines, la combinaison des données historiques et de mesures in-situ ont été nécessaires. Un système de surveillance à haute résolution temporelle a été mis en place pour observer simultanément les variations piézométriques (vingt-huit piézomètres dont cinq avec enregistrement en continu), les conditions climatiques (une station météorologique) et les déplacements de surface de très faible amplitude (trois récepteurs GPS permanents et vingt-trois repères topométriques cimentés). Ces investigations mettent en évidence le contrôle morphostructural de la cinématique du glissement, mais également la saisonnalité marquée de cette cinématique. Enfin, dans une approche prospective, l’étude permet d’identifier des niveaux de nappe(s) contrôlant la cinématique du versant de façon à définir des seuils critiques de déclenchement. Ces seuils sont identifiés selon deux situations possibles : (1) des seuils caractérisant des accélérations importantes du glissement associées à des périodes pluvieuses de longue durée (plusieurs mois) marquées par une élévation des eaux souterraines de plus de deux mètres par rapport au niveau moyen annuel ; (2) des seuils caractérisant des accélération d’amplitude modérée associées à des périodes pluvieuses de pluies cumulées modérée et à une hausse limitée de la nappe phréatique. Ces résultats suggèrent par ailleurs que l’effet des précipitations sur l’instabilité du versant est fonction du niveau initial de la nappe plusieurs mois avant l’accélération.